Le domaine de Longwood à Sainte-Hélène était en piteux état. Une souscription internationale va lui donner une seconde vie.
Toitures hors d'usage, structures affaiblies, rénovations plus ou moins anarchiques... La prison dorée de l'empereur sur l'île de Sainte-Hélène n'était plus que l'ombre d'elle-même. Il y a un an, le conservateur des domaines lançait un cri d'alarme pour réunir les 1,4 million d'euros nécessaires à la remise en état des lieux. La République s'engageait à en financer la moitié, l'autre faisant l'objet d'une souscription auprès du grand public, sous l'égide de la Fondation Napoléon et du souvenir napoléonien.
Il faut croire que la crise n'a pas découragé les fans de l'Empire puisque la somme est d'ores et déjà récoltée : citoyens lambda, nostalgiques déclarés ou même ressortissants d'Amérique du Sud et d'Asie, tous ont mis la main à la poche pour réunir 700 000 euros et sauver la dernière demeure de l'empereur, là même où il a rendu son dernier soupir dans cette île perdue du centre de l'Atlantique sud.
1815, l'empire agonise à Waterloo. Napoléon souhaite rejoindre les États-Unis, mais les Anglais l'expédient à Sainte-Hélène, une masse de roche lugubre battue par les vents, une véritable prison naturelle. "Le diable a chié cette île !" s'exclame sans détour Mme Bertrand, l'épouse de l'un des fidèles qui accompagnent l'empereur dans l'exil.
Harcelés par les rats
La petite cour prend ses quartiers dans une ancienne ferme réaménagée, sans grand confort, exposée à l'humidité, aux termites et aux insectes de toutes sortes. Les rats sont partout, ils grimpent sur les tables, courent entre les cloisons, dévorent les réserves de nourriture. Autant dire que la dernière demeure de l'empereur n'a rien d'un palais. Avec celui des Tuileries, c'est pourtant celui où il passa le plus de son temps... La petite communauté française s'adapte tant bien que mal, parodiant pendant six ans une vie de cour autour du monarque déchu, jusqu'à sa mort le 5 mai 1821.
Une fois le grand homme enterré, tout ce petit monde repartira en France par le premier bateau, s'empressant de faire valoir leurs droits sur l'héritage impérial. Et la bâtisse redeviendra ce qu'elle a toujours été, à savoir une simple ferme. Le salon sert de remise pour une batteuse tandis que les moutons investissent la chambre impériale...
Napoléon III achète la villa
Les fonds récemment récoltés permettront de rénover complètement l'aile des généraux, celle où vécurent les grands officiers Bertrand et Gourgaud, ainsi que le docteur O'Meara. À l'origine, il s'agissait d'un bâtiment construit à la diable, une succession de pièces le long d'un couloir. Les travaux prévus, qui commencent cette année, consistent à restructurer cette aile pour y aménager un musée et un accueil de visiteurs digne de ce nom (environ 7 000 touristes font le pèlerinage chaque année).
Face au succès de la souscription, les organisateurs ont décidé de la prolonger pour réunir cette fois 200 000 euros. Cette somme supplémentaire sera affectée à la rénovation de la villa proprement dite de l'empereur, les six pièces où il vécut en surveillant les sentinelles britanniques à travers des trous creusés au couteau dans les persiennes... Les tentures, les tapis et les tapisseries vont faire l'objet d'une restauration ainsi qu'une centaine de pièces authentiques du mobilier de Longwood, provenant notamment de la salle de bains, de la chambre à coucher et du salon où Napoléon mourut. Jamais un tel effort n'aura été consacré à ce bout de terre français depuis 1860, lorsque Napoléon III avait décidé de le racheter aux Anglais. Il fallait faire vite : nos perfides voisins s'apprêtaient à céder l'ensemble au célèbre Barnum, le fameux créateur de spectacles et d'attractions populaires ! Napoléon III y mit le prix, mais il évita le pire.
source: journal "le point"
Toitures hors d'usage, structures affaiblies, rénovations plus ou moins anarchiques... La prison dorée de l'empereur sur l'île de Sainte-Hélène n'était plus que l'ombre d'elle-même. Il y a un an, le conservateur des domaines lançait un cri d'alarme pour réunir les 1,4 million d'euros nécessaires à la remise en état des lieux. La République s'engageait à en financer la moitié, l'autre faisant l'objet d'une souscription auprès du grand public, sous l'égide de la Fondation Napoléon et du souvenir napoléonien.
Il faut croire que la crise n'a pas découragé les fans de l'Empire puisque la somme est d'ores et déjà récoltée : citoyens lambda, nostalgiques déclarés ou même ressortissants d'Amérique du Sud et d'Asie, tous ont mis la main à la poche pour réunir 700 000 euros et sauver la dernière demeure de l'empereur, là même où il a rendu son dernier soupir dans cette île perdue du centre de l'Atlantique sud.
1815, l'empire agonise à Waterloo. Napoléon souhaite rejoindre les États-Unis, mais les Anglais l'expédient à Sainte-Hélène, une masse de roche lugubre battue par les vents, une véritable prison naturelle. "Le diable a chié cette île !" s'exclame sans détour Mme Bertrand, l'épouse de l'un des fidèles qui accompagnent l'empereur dans l'exil.
Harcelés par les rats
La petite cour prend ses quartiers dans une ancienne ferme réaménagée, sans grand confort, exposée à l'humidité, aux termites et aux insectes de toutes sortes. Les rats sont partout, ils grimpent sur les tables, courent entre les cloisons, dévorent les réserves de nourriture. Autant dire que la dernière demeure de l'empereur n'a rien d'un palais. Avec celui des Tuileries, c'est pourtant celui où il passa le plus de son temps... La petite communauté française s'adapte tant bien que mal, parodiant pendant six ans une vie de cour autour du monarque déchu, jusqu'à sa mort le 5 mai 1821.
Une fois le grand homme enterré, tout ce petit monde repartira en France par le premier bateau, s'empressant de faire valoir leurs droits sur l'héritage impérial. Et la bâtisse redeviendra ce qu'elle a toujours été, à savoir une simple ferme. Le salon sert de remise pour une batteuse tandis que les moutons investissent la chambre impériale...
Napoléon III achète la villa
Les fonds récemment récoltés permettront de rénover complètement l'aile des généraux, celle où vécurent les grands officiers Bertrand et Gourgaud, ainsi que le docteur O'Meara. À l'origine, il s'agissait d'un bâtiment construit à la diable, une succession de pièces le long d'un couloir. Les travaux prévus, qui commencent cette année, consistent à restructurer cette aile pour y aménager un musée et un accueil de visiteurs digne de ce nom (environ 7 000 touristes font le pèlerinage chaque année).
Face au succès de la souscription, les organisateurs ont décidé de la prolonger pour réunir cette fois 200 000 euros. Cette somme supplémentaire sera affectée à la rénovation de la villa proprement dite de l'empereur, les six pièces où il vécut en surveillant les sentinelles britanniques à travers des trous creusés au couteau dans les persiennes... Les tentures, les tapis et les tapisseries vont faire l'objet d'une restauration ainsi qu'une centaine de pièces authentiques du mobilier de Longwood, provenant notamment de la salle de bains, de la chambre à coucher et du salon où Napoléon mourut. Jamais un tel effort n'aura été consacré à ce bout de terre français depuis 1860, lorsque Napoléon III avait décidé de le racheter aux Anglais. Il fallait faire vite : nos perfides voisins s'apprêtaient à céder l'ensemble au célèbre Barnum, le fameux créateur de spectacles et d'attractions populaires ! Napoléon III y mit le prix, mais il évita le pire.
source: journal "le point"