Pour le 6 qui tirait plus de coups il y avait les boulets plus nombreux à transporter, pour le 12 il y avait beaucoup moins de boulets mais plus de charges de poudre, le canon était plus lourd mais l' attelage à 6 chevaux compensait les manoeuvres humaines. De plus les servants de pièces se fatiguaient moins vite dans la durée pour le 12.
Liens :
http://books.google.fr/books?id=MlHPhDReBX4C&pg=PA22&dq=artillerie+%C3%A0+cheval+calibre+12&hl=fr&sa=X&ei=ES1ZT_L4PImo8APX-qiGDw&ved=0CDsQ6AEwAg#v=onepage&q=artillerie%20%C3%A0%20cheval%20calibre%2012&f=false
http://books.google.fr/books?id=e8ZCAAAAcAAJ&pg=PA270&dq=rapidit%C3%A9+artillerie+%C3%A0+cheval&hl=fr&sa=X&ei=uCtZT-eLEceA8wP-ncyDDw&ved=0CDQQ6AEwAA#v=onepage&q=rapidit%C3%A9%20artillerie%20%C3%A0%20cheval&f=false
http://books.google.fr/books?id=uTkUAAAAQAAJ&pg=PA355&dq=artillerie+%C3%A0+cheval+calibre+12&hl=fr&sa=X&ei=SjJZT-XeNIjs8gPQwKyNDw&ved=0CEAQ6AEwAzgK#v=onepage&q=artillerie%20%C3%A0%20cheval%20calibre%2012&f=false
http://books.google.fr/books?id=rjxJAAAAcAAJ&pg=PT117&dq=artillerie+%C3%A0+pied+calibre+12&hl=fr&sa=X&ei=hjVZT-_3J8X68QP1h8TUDg&ved=0CEgQ6AEwBDgU#v=onepage&q=artillerie%20%C3%A0%20pied%20calibre%2012&f=false
Ouvrage :
La Puissance de feu, l’efficacité des armes sur le champ de bataille de 1630 à 1850
par le Major Général B. P. Hughes
EXTRAITS
Vers la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, les armes à feu à âme lisse avaient atteint un degré de perfection technique qu'elles ne devaient pas dépasser. Ce fut naturellement au cours des 50 dernières années du XVIIIe siècle que furent mises au point les tactiques appliquées au cours de cette période. Pour comprendre les batailles de la fin du XVIIIe, il nous faut nous pencher sur celles qui furent livrées du temps de Napoléon.
Deux facteurs nouveaux avaient exercé leur influence sur la tactique. Les armées françaises, sans cesse engagées dans des opérations militaires, tant sous la Révolution que sous l'Empire, comptaient dans leurs rangs une proportion croissante de conscrits; elles ne possédaient donc plus le même degré d'entraînement que pendant la période précédente. Force avait été de simplifier tout ce qui avait trait au métier des armes, en particulier la manoeuvre ; on ne peut cependant pas prétendre que l'adoption de la formation en colonne fut uniquement provoquée par le manque d'entraînement des soldats; on connaissait cette formation que l'on avait souvent adoptée dans le passé. Cet afflux de conscrits se traduisit avant tout par une diminution des performances de tir; nombre de ces jeunes soldats n'avaient en effet jamais manié un fusil avant de se trouver sur un champ de bataille.
L'introduction des voltigeurs et des éclaireurs peut être considérée comme un second facteur d'évolution. La guerre d'Indépendance avait montré l'efficacité des tireurs d'élite, armés de carabines, connaissant bien le terrain contre une infanterie dont le tir n'était efficace qu'à bout portant. On crut tout d'abord que les batailles pourraient être livrées exclusivement par ces éclaireurs, mais il fallut bien constater qu'une armée ne produisait qu'un nombre restreint de ces soldats d'élite ; en outre, la puissance de feu de ces éclaireurs était limitée, et le nombre des petits groupes dont le commandement pouvait conserver le contrôle était réduit. On adjoignit donc au bataillon régulier une compagnie de tirailleurs (infanterie légère), qui fournissait les hommes chargés d'effectuer des reconnaissances ou de tenir des points forts. Par leurs armes et leur mobilité, ces tirailleurs accroissaient le champ d'action du feu bataillonnaire, et même celui de l'armée. Ils étaient appuyés par le gros de l'armée.
Au XIXe siècle, le bataillon constituait l'unité d'infanterie classique, que l'on retrouvait dans toutes les armées. En France, son effectif normal se montait à 700 hommes, alors qu'en Angleterre il atteignait parfois 1100 hommes. Les bataillons alignaient rarement un effectif complet; le chiffre moyen de 500 à 600 hommes était plus proche de la réalité.
Le bataillon était subdivisé en compagnies; le bataillon français en comptait 9 mais, en 1807, ce nombre fut réduit à 6, si l'on ne tient pas compte d'une compagnie de tirailleurs. Dans le bataillon anglais, à part une compagnie mixte qui fournissait les tirailleurs, on trouvait 8 compagnies ordinaires et une compagnie de grenadiers. Ce dernier terme n'implique pas que les soldats en question utilisaient la grenade - arme qui n'était plus employée; en fait, ils étaient choisis pour leur haute taille et leur intelligence. A la parade et au combat, la formation adoptée dans l'armée française était la ligne, échelonnée sur trois rangs. Dans l'armée britannique, cette ligne ne comportait que deux rangs. Tous les fusils pouvaient donc tirer simultanément.
On connaissait plusieurs formations qu'un entraînement long et poussé permettait d'adopter rapidement. Ces mouvements s'effectuaient avec une grande souplesse et
presque automatiquement dans le cas de soldats bien drillés. Dans la défensive, toutes les infanteries adoptaient une formation en ligne, avec des compagnies alignées les unes à côté des autres, ce qui permettait à toutes les armes de tirer simultanément.
Souvent, des lignes d'appui venaient renforcer la première ligne, mais, tant que celle-ci demeurait intacte, le tir de la seconde et de la troisième ne pouvait soutenir la première ligne, à moins que ces unités ne pussent occuper sur le terrain une position de tir plus élevée. Cependant, ces lignes de soutien pouvaient contre-attaquer au cas où la première ligne était enfoncée; elle pouvait aussi recevoir des missions de blocage pour la progression ennemie. La ligne d'infanterie était remarquablement conçue pour résister à un adversaire attaquant de front, mais elle pouvait parfois être percée ou tournée sur ses ailes, en particulier par la cavalerie. Lorsque la cavalerie chargeait, l'infanterie se formait normalement en carrés, qui regroupaient en principe l'ensemble du bataillon. Les carrés formés par une infanterie bien aguerrie étaient pratiquement imprenables pour la cavalerie, tant que la formation conservait sa cohésion et que les salves de son tir étaient déclenchées sur ordre. Pour cela, il fallait que les unités qui les composaient fussent toujours à même de tirer, sans qu'un côté quelconque se trouvât réduit au silence. Il était impossible aux cavaliers de passer au travers du mur des baïonnettes qui hérissaient chaque côté du carré; la mousqueterie décimait les unités de cavalerie qui virevoltaient sur ses flancs. Mais cette formation offrait le grave inconvénient d'être particulièrement vulnérable au tir de l'artillerie; pour éviter que les projectiles ne provoquent de trop grosses pertes dans ses rangs, l'infanterie était souvent obligée de repasser le plus rapidement possible à une formation en ligne. Dans l'exécution des mouvements, la ligne n'était certes pas la formation idéale, en particulier lorsque les soldats qui la composaient ne disposaient que d'un entraînement médiocre. La rigidité de la ligne devait toujours être maintenue pour que les armes légères de ses fusiliers, d'une portée réduite, pussent garan-tir une puissance de feu maxima.
L'alignement était difficile à maintenir, en particulier lors d'une progression en terrain accidenté. On adoptait dans ce cas-là un troisième genre de formation, en colonne par compagnie. Ces éléments demeuraient en formation sur deux ou trois lignes,
mais se déplaçaient les uns derrière les autres, à distance de déploiement, c'est-à-dire à une distance correspondant au front de bandière de la compagnie. En pivotant sur la droite ou sur la gauche, les compagnies se trouvaient alors en ligne, mais elles pouvaient aussi venir se placer les unes à côté des autres en glissant comme des dominos pour former une ligne de front dans la direction de la progression. La formation en colonne offrait l'inconvénient de sa longueur; on pouvait la réduire en diminuant les intervalles à un demi ou à un quart de front de compagnie, mais le déploiement s'en trouvait gêné. Les Français appréciaient la formation en colonne par doubles compagnies et les Anglais par demi compagnies. Les schémas Nos 11 et 12 présentent divers types de formations.
Si la formation en colonne était parfaitement indiquée lors de la recherche de contact, l'étroitesse de son front diminuait notoirement la puissance de feu; le déploiement d'une telle formation en vue de l'assaut posait une série de problèmes qu'il n'était pas toujours aisé de résoudre.
Son entraînement poussé permettait à l'infanterie anglaise de franchir d'assez longues distances en formation « en ligne », sans perdre son alignement. Les Français attaquaient de préférence en recourant aux colonnes; Napoléon recourait volontiers aux formations mixtes, où certains soldats étaient en colonne alors que d'autres étaient déployés en ligne. Si l'on veut évaluer comparativement la puissance de feu de la tête d'une colonne montant à l'assaut d'une formation déployée en ligne et comportant un même effectif, il faut se souvenir qu'à l'époque la portée des armes à feu était très réduite. Seul le front et un certain nombre de soldats de part et d'autre de l'axe de progression pouvaient tirer sur l'assaillant.
Même si l'on tient compte de cette servitude, la formation en ligne avait un avantage sur la formation en colonne; en effet, il était parfois possible aux ailes de la ligne de faire mouvement en avant et de prendre les flancs de la colonne sous un tir en enfilade. Il est vrai que la colonne agissait aussi par sa masse et que sa disposition permettait de combler les vides au fur et à mesure des pertes. De son côté la ligne ne pouvait que se rétrécir en serrant les rangs à mesure que le tir ennemi les décimait.
Durant les Guerres napoléoniennes, l'artillerie était encore divisée en artillerie bataillonnaire et en artillerie lourde.
L'artillerie bataillonnaire, qui dépendait des unités auxquelles elle était rattachée, comptait généralement des pièces de 4 livres et parfois des pièces de 8 livres; le bataillon se voyait allouer 2 canons. L'artillerie de position comptait des pièces de 8 et 12 livres, mais le nombre des canons de 12 livres était variable et relativement limité; il oscillait entre 2 et 6 bouches à feu par corps. On comptait aussi un nombre réduit de petits obusiers de campagne.
Vers 1800, les forces britanniques opérant en Europe renoncèrent à l'artillerie bataillonnaire; on estimait que le maintien de l'artillerie sous un commandement central offrait plus de souplesse et d'efficacité, ce qui n'empêchait pas de détacher des batteries en appui des forces d'infanterie ou de cavalerie dans des cas particuliers. Par la suite, l'emploi de ces forces de soutien tendit à se généraliser. Durant les campagnes d'Espagne, la faiblesse de l'artillerie lourde conduisit les Anglais à employer tous leurs canons en appui direct. Les Français utilisaient les pièces de leur artillerie bataillonnaire pour prolonger la zone couverte par leur mousqueterie ; les canons de l'artillerie lourde étaient groupés en grosses batteries et le commandement s'en servait pour marquer l'effort principal et ménager des brèches dans le dispositif adverse. Moins puissante que l'artillerie française, l'artillerie anglaise était généralement distribuée le long de la ligne de bataille; les commandants de ces unités devaient faire preuve d'initiative, choisir leurs objectifs et déplacer leurs canons en fonction des circonstances.
Cependant, au cours de l'engagement, des officiers supérieurs - ou même le commandant en chef - pouvaient désigner des objectifs.
Lorsqu'il s'agissait d'une opération défensive, on estimait inutile de déclencher des tirs de barrage, qui consommaient trop de munitions. Les artilleurs avaient donc pour mission primaire de provoquer des pertes dans les rangs de l'infanterie adverse lorsque leurs propres unités d'infanterie montaient à l'assaut. Ce tir se décomposait en deux phases: à une certaine distance, on utilisait des boulets et des obus, puis, à courte distance, les artilleurs tiraient des biscayens ou boites à mitraille. Lors de la phase initiale, les Anglais se servaient de shrapnels. Une fois engagé le corps à corps, l'artillerie d'une unité engagée dans un combat défensif était chargée de harceler les flancs de la colonne attaquante en déclenchant des tirs en enfilade.
Lors d'une attaque, le plan de feu de l'artillerie comportait en général trois phases; la première consistait à bombarder dans la ligne ennemie les forces les plus susceptibles de s'opposer au déroulement de l'attaque. En Europe, l'emploi de ces tirs de préparation fut plus systématique chez les Français que chez les Anglais. Les forces françaises, disposant d'un plus grand nombre de pièces lourdes, pouvaient les répartir. A Waterloo, par exemple, les grosses batteries dont disposait Napoléon infligèrent des pertes assez sévères à l'artillerie alliée avant que n'interviennent les charges de la cavalerie et les attaques de l'infanterie; ces pertes, toutefois, n'empêchèrent pas les pièces alliées de remplir leur mission défensive.
Lorsque l'artillerie défensive se montrait particulièrement menaçante - comme ce fut le cas aux Indes dans les engagements qui opposèrent les Anglais aux Mahrattes et aux Sikhs - les Britanniques commençaient par effectuer des tirs de contrebatterie. Puis au cours de la seconde phase, l'artillerie s'attachait à réduire la puissance de feu de l'infanterie adverse. Les trajectoires des projectiles étaient relativement tendues, il fallait en ce cas que les pièces puissent agir en flanquement. L'artillerie, faisant mouvement sur les flancs de la colonne d'assaut, déclenchait des tirs croisés en avant de celle-ci. C'était le seul genre de tir de soutien dont l'infanterie pouvait disposer; lorsque les deux lignes se trouvaient à une centaine de mètres, les canons d'appui étaient masqués par l'infanterie montant à l'assaut. Au cours de cette troisième phase, le rôle de l'artillerie consistait à protéger les flancs de la colonne, en exploitant toutes les occasions qui se présentaient.
L'intégration dans l'espace et dans le temps de ce qu'a pu représenter la puissance de feu dans ces batailles est représentée schématiquement (N° 13). Une force A de 4 bataillons (2000 hommes) attaque une force B du même effectif. L'artillerie de A compte 6 pièces légères réparties par demi batteries le long de la colonne; de même pour l'artillerie de B.
Au début de l'action, A est à 900 m de B et fait mouvement pour se placer à 700 m, le tir de A, pendant cette première phase, sera sans conséquences pour B. A 700 m de distance, les deux artilleries entrent en action en dirigeant leurs tirs contre l'infanterie adverse (voir schéma N° 13, position A). Pour ramener la distance à 320 m, A doit faire mouvement pendant 4 à 5 minutes. Ses artilleurs se trouvent alors à une distance d'emploi des boîtes à mitraille. Durant la progression, les artilleries des deux camps ont tiré 9 salves, soit au total par camp 54 coups de canon (boulets, obus ordinaires, shrapnels). 40% de ces projectiles (voir le calcul des probabilités au chapitre III) ont sans doute atteint leurs cibles. A raison de 3 hommes mis hors de combat par coup au but, les pertes peuvent être estimées à 66 tués et blessés, soit environ 3,3% des combattants.
Au moment où A arrive à 320 m de B (voir schéma N° 13, position B) les artilleurs de la ligne défensive déclenchent un tir de boîtes à mitraille. Ce tir se poursuit pendant 2 à 3 minutes, temps nécessaire à A pour arriver à 90 m de B. Les canons de la défense tirent au maximum 45 boîtes à mitraille correspondant à 3825 balles, en supposant que l'artillerie est dotée de pièces de 6 livres.
Les 100 derniers mètres sont couverts par la force A en une minute environ (voir schéma N° 13, position C). L'infanterie adverse tire 2, voire 3 salves de mousqueterie, soit 4000 à 6000 balles. La colonne A reçoit sur ses flancs un tir de biscayens, mais ces projectiles ne peuvent atteindre son front; son artillerie n'a pu tirer contre B d'une façon aussi constante ni aussi intense, car au début de l'action la distance était trop grande et, au cours de la progression, ses pièces ont été masquées par son infanterie.
Egalité numérique de A et de B, déploiements identiques et même puissance de feu, l'hypothèse théorique que nous avons retenue ne se trouve pratiquement jamais réalisée, mais cet exemple nous permet de décrire en profondeur l'action de l'artillerie et de l'infanterie. Avant d'arriver à distance de tir des boîtes à mitraille, les deux artilleries sont intervenues; compte tenu des servitudes inhérentes au combat, ce tir peut avoir provoqué le 3% des pertes totales. Pendant la progression de A dans la zone couverte par le feu de la mousqueterie et des canons tirant à boîtes à mitraille, les deux partis ont pu tirer, en admettant des conditions idéales, de 6000 à 10000 projectiles, dont le tiers par l'artillerie. En appliquant les divers coefficients que nous avons pu établir, nous admettrons que 3000 ou 4000 projectiles ont atteint la zone des buts.
En admettant enfin que le 5% d'entre eux aient été des touchés, le nombre d'hommes mis hors de combat peut être évalué à 150 ou 200, ce qui paraît normal dans un tel engagement. La manière très schématique dont nous avons esquissé ces phases nous a permis de distinguer les grandes lignes du problème. La réalité du combat, nous allons le voir, est beaucoup plus complexe. I1 faut tout d'abord observer que les forces assaillantes n'effectuaient que très rarement un bond unique comme celui que nous avons esquissé. En général, on procédait par une série de bonds successifs. En outre, on préparait l'attaque par des tirs d'artillerie. Il y avait des nappes de fumée dont l'infanterie s'efforçait de tirer parti. N'oublions pas les rangs entiers fauchés par les boulets qui, telle une nuée de points noirs, s'abattaient sur l'infanterie novée dans les fumées, tandis qu'au loin les lueurs des départs annonçaient une nouvelle salve. Pour supporter le bombardement préliminaire, l'infanterie de la position assaillie s'était peut-être terrée dans un repli de terrain; bientôt, les uniformes colorés des assaillants leur apparaissaient et les défenseurs se relevaient pour former une solide ligne de défense. Dans cette phase du combat, les fantassins britanniques demeurèrent figés et silencieux, tandis que les soldats français s'élançaient à l'attaque en poussant de grands cris.
Quand la distance entre les deux adversaires avait suffisamment diminué, les artilleurs déployaient une activité fébrile ; on se mettait à tirer des boîtes à mitraille et ce tir était en général très meurtrier. Enfin, la distance se réduisant de plus en plus, les artilleurs reportaient leurs tirs sur les flancs de leur adversaire, tandis que s'engageait la fusillade.
Lorsque l'infanterie arrivait à distance d'assaut (avec une troupe bien entraînée, cette distance était inférieure à 100 m), toute la ligne s'arrêtait pour exécuter un feu de salve; la fumée recouvrait toute la colonne assaillante mais, dès qu'elle se dissipait, la ligne des défenseurs s'animait et répliquait. A partir de cet instant, le champ de bataille entre les deux lignes était noyé par toutes sortes de fumées ; dès lors l'infanterie ne pouvait tirer qu'en profitant d'un instant d'éclaircie. Cet échange de feu pouvait durer une vingtaine de minutes; on connaît des cas où il dura une heure. Dans la ligne britannique, les hommes qui tombaient étaient remplacés par d'autres; on serrait constamment les rangs en direction des drapeaux ; des brèches se creusaient entre les bataillons. Dans la formation française, les vides étaient remplis par d'autres hommes montant de l'arrière. Dans de tels engagements, il était très difficile pour un commandant, et à plus forte raison pour un soldat, d'avoir une vue d'ensemble de ce qui se passait. La nécessité de serrer les rangs, de saisir les éclaircies, de profiter du moindre flottement survenant chez l'adversaire, occupait entièrement les esprits; aussi restait-il peu de possibilités pour effectuer de véritables manoeuvres.
Parfois, les ailes de la formation pouvaient progresser et s'efforcer de prendre sous leur feu les flancs de la colonne assaillante. Il y avait parfois de brefs duels à l'arme blanche, mais il était fort rare que l'on déclenchât une attaque générale à la baïonnette avant que le feu n'ait décidé de l'issue du combat. Cette lutte pour la conquête de la supériorité du feu dépendait en grande partie de l'entraînement et de l'endurance des soldats. La confrontation ne prenait fin que lorsque le moral d'une des deux troupes finissait par céder; le vaincu quittait alors le champ de bataille.