Où hasard et Histoire se rencontrent
Depuis son érection, le lion veille sur cette « morne plaine » qui a vu mourir tant de braves en cette funeste journée de juin 1815 et qui fut, pour bon nombre d’entre eux, leur ultime et anonyme sépulture.
Nombreuses sont les sources iconographiques et manuscrites nous indiquant les différentes méthodes utilisées pour ensevelir les victimes de la sanglante tragédie du 18 juin.
Parmi ces dernières figure l’excellent ouvrage de feu Monsieur Lucien LAUDY paru en 1921 et intitulé « LES LENDEMAINS DE WATERLOO ». Au vu de ses qualités, il constituera « la » référence de cette relation dont sont tirés les paragraphes suivants.
« L’aube du 19 juin se lève sur cette plaine de Mont Saint Jean jonchée de 40.000 cadavres. Jamais on n’a rien vu de semblable, ni à WAGRAM, ni à la MOSKOWA, ni à BAUTZEN. Les Français ont perdu 56 pour cent des leurs, les Alliés 31 ! (1)
De très bonne heure commence le relèvement des blessés et l’enterrement des morts.
Quelqu’étrange que cela puisse paraître, les véritables opérations d’ensevelissement des victimes ne débutèrent REELLEMENT que le 21 !
Tous les moyens furent utilisés pour faire disparaître les cadavres au plus tôt. Tous les puits des environs furent remplis, des bûchers furent dressés, des fosses creusées.
Ce sont les paysans des communes avoisinantes qui furent « chargés » de cette lugubre besogne et qui, sous la conduite de sous-officiers de l’armée alliée, creusèrent de larges et profondes fosses dans lesquelles furent précipités les cadavres d’hommes et de chevaux, sans même que les enfouisseurs se donnassent la peine de retirer les vêtements des soldats ( pour autant qu’ils en soient encore revêtus, tant les cadavres des tués furent dépouillés en un temps record ) ; on ne leur enleva que les armes et objets d’équipements : cartouchières, gibernes, sacs, ceinturons, etc. puis on versa un lit de chaux vive sur chaque couche de ces funèbres débris.
Monsieur le Sous-Intendant BERLAIMONT avait ordonné d’enfouir les corps à environ 5 pieds de profondeur ( plus d’un mètre cinquante ) , mais ces prescriptions ne furent pas très exactement suivies. Beaucoup de corps furent enterrés sommairement, à un fer de bêche, à peine, de profondeur, ce qui permettait encore, en 1921, de retrouver des ossements à cette profondeur, principalement lors de la construction des silos de betteraves. »
Que soient remerciés ceux qui œuvrèrent de la sorte et dont l’empressement permit, en ce samedi 21 décembre 2002, la découverte suivante !
Cette journée avait été consacrée à la fouille d’un terrain abritant une partie de l’armée anglaise.
Aucune des découvertes traditionnelles (de nombreuses balles) ne laissait présager d’une journée exceptionnelle et las du peu d’importance des objets en notre possession, nous allions quitter ce terrain que nous arpentions, détecteur en main, depuis plus d’une heure lorsqu’un bouton (non marqué) fut sorti de terre.
Ce type de découverte apporte un regain d’attention au « chercheur » et modifie radicalement sa manière de prospecter.
C’est en agissant de la sorte que, vers 11heures du matin, un faible signal détecté, servit de détonateur. Après avoir ôté quelques centimètres de terre le signal devint plus audible et, à 40 centimètres de profondeur, apparut un boulet de 6 livres. Son extraction nécessita l’agrandissement du trou creusé, opération au cours de laquelle quelques ossements humains furent mis à jour.
Cette découverte fit battre nos cœurs et nous obligea à continuer notre recherche avec méthode.
Bien nous en pris, puisque après plus de 5 heures d’efforts, nous rebouchions ce qui se révéla être une petite fosse commune aux dimensions suivantes : longueur : 170 cm ; largeur : 120 cm ; profondeur : 40 cm.
Celle-ci renfermait plus de 180 ossements divers, 4 crânes (1) et, récompense suprême, les objets suivants :
Un bouton français ( grand modèle ) du 1er Régiment d’Artillerie à Pied, s’offrit en premier à nos regards.
Accélération de notre rythme cardiaque car, comme Perrette, nous nous voyions déjà mettant les restes d’un soldat français, accompagné peut-être de pièces d’équipement !
Une monnaie allemande ( XII HELLER – Cité libre de AACHEN – 1794 ) suivit et suscita le même espoir, car la présence de 4 crânes sous-entendait 4 corps, peut-être de nationalités différentes !
Quatre pierres à fusil en parfait état furent mises à jour, avant qu’un crâne cerclé de fer n’apparaisse ; une forme de frénésie s’empara de nous car, n’étions nous pas en présence d’un cuirassier !!!
Hélas trois des corps avaient été dénudés ; un seul nous « offrit » cependant, les objets suivants :
L’extrémité du fourreau de baïonnette
Une attache destinée à supporter le ceinturon
Quelques pièces en cuivre de l’intérieur de la giberne
Deux boucles, chacune d’un diamètre de 34 mm
Une grande boucle avec quatre ardillons, maintenant toujours un morceau de cuir
Deux morceaux de cuir
Une attache de bretelle de fusil, nantie d’un morceau de cuir
Deux grands boutons plats, d’un diamètre de 26 mm, toujours cousus à un morceau de tissu (2)
Deux boutons ronds d’un diamètre de 23 mm, également cousus à un morceau de tissu
Un bouton rond d’un diamètre de 20 mm
Un bouton plat d’un diamètre de 18 mm, recouvert de tissu
Un grand bouton plat et un petit bouton rond , dorés et marqués
Deux petits boutons non marqués
Deux grandes boucles de 87 mm de longueur et 50 de largeur, avec deux ardillons
Deux «V » en cuivre, terminant la buffleterie passant dans les dites boucles
Une pièce de monnaie « République françoise (sic) – Un Sol An II »
Un éclat de bombe de mortier
Quatre balles
Une petite tête de marteau
Les restes d’un couteau, avec quelques éclats de morceaux de bois du manche
Une plaque de shako et une plaque de poitrine toutes deux frappées aux armes du « FIRST REGIMENT OF FOOT GUARDS », motif apparaissant également sur chacun des boutons marqués.
Depuis son érection, le lion veille sur cette « morne plaine » qui a vu mourir tant de braves en cette funeste journée de juin 1815 et qui fut, pour bon nombre d’entre eux, leur ultime et anonyme sépulture.
Nombreuses sont les sources iconographiques et manuscrites nous indiquant les différentes méthodes utilisées pour ensevelir les victimes de la sanglante tragédie du 18 juin.
Parmi ces dernières figure l’excellent ouvrage de feu Monsieur Lucien LAUDY paru en 1921 et intitulé « LES LENDEMAINS DE WATERLOO ». Au vu de ses qualités, il constituera « la » référence de cette relation dont sont tirés les paragraphes suivants.
« L’aube du 19 juin se lève sur cette plaine de Mont Saint Jean jonchée de 40.000 cadavres. Jamais on n’a rien vu de semblable, ni à WAGRAM, ni à la MOSKOWA, ni à BAUTZEN. Les Français ont perdu 56 pour cent des leurs, les Alliés 31 ! (1)
De très bonne heure commence le relèvement des blessés et l’enterrement des morts.
Quelqu’étrange que cela puisse paraître, les véritables opérations d’ensevelissement des victimes ne débutèrent REELLEMENT que le 21 !
Tous les moyens furent utilisés pour faire disparaître les cadavres au plus tôt. Tous les puits des environs furent remplis, des bûchers furent dressés, des fosses creusées.
Ce sont les paysans des communes avoisinantes qui furent « chargés » de cette lugubre besogne et qui, sous la conduite de sous-officiers de l’armée alliée, creusèrent de larges et profondes fosses dans lesquelles furent précipités les cadavres d’hommes et de chevaux, sans même que les enfouisseurs se donnassent la peine de retirer les vêtements des soldats ( pour autant qu’ils en soient encore revêtus, tant les cadavres des tués furent dépouillés en un temps record ) ; on ne leur enleva que les armes et objets d’équipements : cartouchières, gibernes, sacs, ceinturons, etc. puis on versa un lit de chaux vive sur chaque couche de ces funèbres débris.
Monsieur le Sous-Intendant BERLAIMONT avait ordonné d’enfouir les corps à environ 5 pieds de profondeur ( plus d’un mètre cinquante ) , mais ces prescriptions ne furent pas très exactement suivies. Beaucoup de corps furent enterrés sommairement, à un fer de bêche, à peine, de profondeur, ce qui permettait encore, en 1921, de retrouver des ossements à cette profondeur, principalement lors de la construction des silos de betteraves. »
Que soient remerciés ceux qui œuvrèrent de la sorte et dont l’empressement permit, en ce samedi 21 décembre 2002, la découverte suivante !
Cette journée avait été consacrée à la fouille d’un terrain abritant une partie de l’armée anglaise.
Aucune des découvertes traditionnelles (de nombreuses balles) ne laissait présager d’une journée exceptionnelle et las du peu d’importance des objets en notre possession, nous allions quitter ce terrain que nous arpentions, détecteur en main, depuis plus d’une heure lorsqu’un bouton (non marqué) fut sorti de terre.
Ce type de découverte apporte un regain d’attention au « chercheur » et modifie radicalement sa manière de prospecter.
C’est en agissant de la sorte que, vers 11heures du matin, un faible signal détecté, servit de détonateur. Après avoir ôté quelques centimètres de terre le signal devint plus audible et, à 40 centimètres de profondeur, apparut un boulet de 6 livres. Son extraction nécessita l’agrandissement du trou creusé, opération au cours de laquelle quelques ossements humains furent mis à jour.
Cette découverte fit battre nos cœurs et nous obligea à continuer notre recherche avec méthode.
Bien nous en pris, puisque après plus de 5 heures d’efforts, nous rebouchions ce qui se révéla être une petite fosse commune aux dimensions suivantes : longueur : 170 cm ; largeur : 120 cm ; profondeur : 40 cm.
Celle-ci renfermait plus de 180 ossements divers, 4 crânes (1) et, récompense suprême, les objets suivants :
Un bouton français ( grand modèle ) du 1er Régiment d’Artillerie à Pied, s’offrit en premier à nos regards.
Accélération de notre rythme cardiaque car, comme Perrette, nous nous voyions déjà mettant les restes d’un soldat français, accompagné peut-être de pièces d’équipement !
Une monnaie allemande ( XII HELLER – Cité libre de AACHEN – 1794 ) suivit et suscita le même espoir, car la présence de 4 crânes sous-entendait 4 corps, peut-être de nationalités différentes !
Quatre pierres à fusil en parfait état furent mises à jour, avant qu’un crâne cerclé de fer n’apparaisse ; une forme de frénésie s’empara de nous car, n’étions nous pas en présence d’un cuirassier !!!
Hélas trois des corps avaient été dénudés ; un seul nous « offrit » cependant, les objets suivants :
L’extrémité du fourreau de baïonnette
Une attache destinée à supporter le ceinturon
Quelques pièces en cuivre de l’intérieur de la giberne
Deux boucles, chacune d’un diamètre de 34 mm
Une grande boucle avec quatre ardillons, maintenant toujours un morceau de cuir
Deux morceaux de cuir
Une attache de bretelle de fusil, nantie d’un morceau de cuir
Deux grands boutons plats, d’un diamètre de 26 mm, toujours cousus à un morceau de tissu (2)
Deux boutons ronds d’un diamètre de 23 mm, également cousus à un morceau de tissu
Un bouton rond d’un diamètre de 20 mm
Un bouton plat d’un diamètre de 18 mm, recouvert de tissu
Un grand bouton plat et un petit bouton rond , dorés et marqués
Deux petits boutons non marqués
Deux grandes boucles de 87 mm de longueur et 50 de largeur, avec deux ardillons
Deux «V » en cuivre, terminant la buffleterie passant dans les dites boucles
Une pièce de monnaie « République françoise (sic) – Un Sol An II »
Un éclat de bombe de mortier
Quatre balles
Une petite tête de marteau
Les restes d’un couteau, avec quelques éclats de morceaux de bois du manche
Une plaque de shako et une plaque de poitrine toutes deux frappées aux armes du « FIRST REGIMENT OF FOOT GUARDS », motif apparaissant également sur chacun des boutons marqués.
A notre grand étonnement, cette plaque de poitrine présentait une forme concave, rendant nettement plus visible l’inscription réglementaire sur la face arrière !
Une seule explication s’imposait à nous, à savoir que le boulet était venu « mourir » sur la poitrine du malheureux, raison pour laquelle il fut enterré avec tout le matériel retrouvé, compte tenu certainement de l’état lamentable dans lequel devait se trouver son cadavre.
Une seule explication s’imposait à nous, à savoir que le boulet était venu « mourir » sur la poitrine du malheureux, raison pour laquelle il fut enterré avec tout le matériel retrouvé, compte tenu certainement de l’état lamentable dans lequel devait se trouver son cadavre.
(1) Les os et les crânes seront soumis à une expertise dont les résultats feront l’objet d’un prochain article, mais cela, c’est déjà….une autre histoire !
(2) Une analyse succincte du tissu nous révèle que nous sommes en présence d’un drap de laine, puisque constitué d’une toile de laine filée à la main et feutrée sur une face. Cette opération avait pour but de faire ruisseler la pluie sur le vêtement. La trame du tissu est de 12 à 13 brins au cm et il s’agit d’une ancienne couleur garance modifiée par des matières organiques, notamment par une qui se rapproche très fortement du sang.
(2) Une analyse succincte du tissu nous révèle que nous sommes en présence d’un drap de laine, puisque constitué d’une toile de laine filée à la main et feutrée sur une face. Cette opération avait pour but de faire ruisseler la pluie sur le vêtement. La trame du tissu est de 12 à 13 brins au cm et il s’agit d’une ancienne couleur garance modifiée par des matières organiques, notamment par une qui se rapproche très fortement du sang.