Fortuna a écrit:mais attention à la dérive qui porte un nom : une technocratie.
Je partage la même réserve quant aux régimes technocratiques. Cependant, ta perception du terme, est à mon avis, trop scientifique, peut-être à cause du préfixe "techno".
D'après le Larousse, une technocratie est un :
Système politique ou économique dans lequel les experts, techniciens et fonctionnaires supplantent, en fait ou en droit, les responsables politiques dans la prise des décisions (souvent péjoratif).
L'économie n'est pas une science, en ce sens qu'elle ne peut établir de vérité "une fois pour toute", ou au moins avec un degré de stabilité important à l'échelle humaine.
Un gouvernement technocrate d'économistes ne doit pas être confondu avec un gouvernement de savants. Regarde la différence d'approche entre le GIEC et la Troïka !
L'idée de mon post n'était pas d'encourager la constitution de groupes anti-démocratiques, qui parce qu'ils sont "sages", et "omniscients" peuvent gouverner sans le peuple, "dans son propre interêt".
Il s'agit d'exiger de ceux qui se soumettent au suffrage universel une maîtrise du fond, une compétence, et la prise en compte d'un type de raisonnement robuste, qui permet d'éviter de nombreux écueils, aphorismes et sophismes.
Le débat gagnerait en clarté, honnêteté, et le pays serait mieux géré.
Vous parlez ensuite d'"un crépuscule scientifique", je souhaiterais vous voir étayer un peu cette hypothèse que j'avoue ne pas comprendre.
Je dirais plutôt qu'on est dans le stricte opposé de ce que je crois comprendre dans votre expression. Le progrès scientifique n'a jamais été aussi fulgurant et "reconnu" qu'aujourd'hui.
En vérité, la subtilité vient de la distinction entre science et technique.
Notre monde est éminemment technique aujourd'hui, mais nous nous éloignons de plus en plus d'un modèle de "société de la connaissance" - "l'art pour l'art" appliqué à la science.
Certes les produits que nous consommons et côtoyons sont plus sophistiqués, mais il s'agit plus d'innovation au sens économique, que de découvertes scientifiques.
On invente/recycle pour vendre, mais fondamentalement rien de nouveau.
Le nombre de chercheurs qui se consacrent à la recherche fondamentale, ou qui étudient une/des disciplines jusqu'aux limites du connu, diminue incroyablement vite. Dans une grande école, que je ne citerai pas, on compte sur les doigts de deux mains les étudiants qui poursuivent leur cursus par une thèse en Physique/Maths.
Il y a 30 ans, avec des promos deux fois plus petites, ils étaient 5 à 6 fois plus.
Bref' en Occident,
homo economicus a supplanté
homo scientificus, d'où le déclin annoncé à terme.
Le fait est que politiques comme simples citoyens, tout le monde invoque la science, la raison, pour supporter ses arguments.
Oui, nous sommes dans une société du paraître, de l'artificiel.
De nombreuses personnalités avancent des chiffres sans les comprendre, prétendent argumenter à l'aide de concepts qu'elles ne maîtrisent pas...
C'est justement ce que je dénonce dans mon premier poste.
la science est liée au débat public
Il s'agit souvent d'un écran de fumée. Les plus grands vulgarisateurs comme Allègre, ou les frères Bogdanov font l'unanimité contre eux dans les cercles scientifiques.
Certains instrumentalisent la science à des fins partisanes.
La recherche ne peut nous aider qu'à répondre à la question Comment ?, et certainement pas à la question Pourquoi ?.