Un article signé Ilia LAKSTYGAL paru sur: La Russie francophone
Source: Ils sont venus pour combattre, ils sont restés pour vivre
Source: Ils sont venus pour combattre, ils sont restés pour vivre
Ce décembre il y a 203 ans que l’exode des troupes de Napoléon, fils de la Révolution Française, est terminé. Et comme on tue et on capte à la guerre, après la disparition de la Grande Armée sur les rives de la Bérézina et dans les vallées interminables, couvertes de neige, les milliers d’ex-militaires français apparurent en qualité
de prisonniers en Russie.
La Grande Armée se fonda à cause de la faim, d’escarmouches, de désertion tout au long de sa retraite de la Russie. La bataille cruelle pour le passage de la Bérézina fut la culmination de la misère des troupes napoléoniennes. De plus de 600000 d’effectif au moment de l’invasion (août 1812) il ne restait que 20000 (essentiellement la Vieille Garde) après la Bérézina, et 2000 environ traversèrent le Niémén en décembre 1812. Plus de 500000 des soldats napoléoniens furent tués, moururent de faim, de maladie. Mais il restait environ 100000 survivants. Dans une des lettres destinées à sa femme (28 décembre 1812) Mikhail Koutuzov, général et commandant de l’armée russe, mentionna plus des 150 mille prisonniers. Selon les données de l’enquête de 1813 il y avait plus de 216 mille soldats français en Russie. C’était la population de la capitale russe de l’époque.
Laissons de coté les calculs précis, parce que les prisonniers pris aux champs de batailles et concentrés dans les camps (150000 environ) ne comprenaient pas les déserteurs qui s’enfuirent de l’Armée et se dispersèrent dans les villages russes (les paysans russes les nommaient «cheramyzhnik» – mendiants – à cause de leur demande de nourriture qui commençaient par «Mon cher ami…»). Les partisans, les cosaques et les simples paysans n’avaient pas de moyens pour convoyer les prisonniers et les vendaient aux officiers et aux soldats riches. Parfois on les vendait aux paysans locaux en qualité d’esclaves. Certains propriétaires fonciers inscrivirent les prisonniers français comme leur cerfs, particulièrement s’ils étaient d’origine française#. Les captifs parfois ne pouvaient pas s’habituer aux conditions cruelles du travail et de la vie. Par exemple, les prisonniers se dressèrent (avec les ouvriers-cerfs russes) à une des fabriques métalliques d’Oural en 1813. Le gouvernement tsariste fut effrayé – la révolution et les sans-culottes en Russie! (il ne faut pas oublier qu’un certain nombre des soldats-prisonniers français eurent participé à l’armée dés le moment de la révolution).
Malgré les guerres napoléoniennes, le français était la deuxième et parfois la première langue pour les élites russes. La maîtrise du français était le signe d’un statut sociale et un outil pour faire une carrière en Russie du XIXème siècle.
La demande des professeurs de cette langue était énorme, mais le prix était très élevé (1000 roubles par an. Une vache coûtait ½ rouble), en particulier pour les gentilshommes provinciaux qui faisaient la majorité des propriétaires fonciers. Et quelle chance: on peut acheter les gouverneurs aux cosaques ou à leur propres cerfs au prix de 1 rouble par tête ! Les soldats napoléoniens se mirent à enseigner aux enfants de la petite noblesse russe. Mais leur langage, plein de jurons et d’argot, était loin d’une langue raffinée. Il fallait réapprendre la langue pour beaucoup de garçons dans les collèges de Moscou et Pétersbourg après cette « éducation ».
D’un autre côté, l’adoration de Napoléon, partagée par ses anciens soldats, a été implantée dans les âmes des jeunes gens: par exemple, Lermontov, un poète russe, célébrait l’empereur français dans quelques verses. Il avait aussi un gouverneur français – ancien soldat napoléonien – dans son enfance. La romanisation de Napoleon était très populaire au milieu d’élite russe dans les années 1820-1830. Parmi les gouverneures-prisonniers il y avait aussi les femmes – vivandières et les veuves des officiers tués: la Grande Armée amena un convoi énorme, qui disparut dans les espaces russes aussi que les hommes armés.
Parfois les prisonniers français tâchaient de s’enfuir de la Russie. Après avoir travaillé un an pour les paysans riches qui les eurent capturés, six ex-soldats français se rendirent vers les frontières occidentales de la Russie. Pour se nourrir au cours de leur trajet ils s’engageaient dans les travaux provisoires. Mais, après avoir presque gagné la frontière (en Lituanie), ils furent embauchés par un économe… et ne revinrent qu’à 1824 en France ! Ils furent inscrits comme les serfs du comte Komarovsrii à cause d’être les artisans habiles. Quelques captifs français envoyés à Orenbourg s’enfuirent pour gagner la France à travers la Perse et la Turquie. Ils furent capturés par les nomades et furent esclavagés. En 1820 les marchands russes rencontrèrent l’un d’eux à Bukhara. Beaucoup d’autres gagnèrent enfin la France.
Mais les français restaient souvent volontairement en Russie. Tous ceux qui voulaient rester en Russie devaient choisir un état (gentilhomme, bourgeois, paysan) et prêter serment au tsar russe. Ceux qui choisirent l’état de paysan ou d’artisan furent exemptés d’impôts pendant 10 ans. Il y avait des restrictions: la défense de s’installer dans les lieux stratégiques (près des frontières occidentales et des capitales russes – Moscou et Pétersbourg). D’un côté, les usines et les mines d’Oural, la Sibérie, la Russie Centrale et du Sud, les frontières asiatiques les attendaient avec impatience. Vers l’été de 1814 plus de 60 milles des captifs reçurent la sujétion russe temporaire. Au milieu du XIX me siècle on trouvait les soldats de la Grande Armée aux frontières russes près d’Orenbourg, aux montagnes d’Altaï et parmi les cosaques d’Oural. Vladimir Dahl rencontra un « cosaque d’Oural » Charles Bertu en 1833.
Toutefois, beaucoup d’ex-militaires napoléoniens voulaient revenir en France. Après l’abdication de Napoléon l’empereur russe Alexandre déclara que les soldats français pouvaient partir pour leur patrie. Les anciens soldats français se regroupèrent aux ports de Riga, Odessa, Revel et Pétersbourg. La première partie de ceux qui se rendirent de Riga au Havre contenait 2000 d’hommes environ. Mais les cent-jours de Napoléon provoquèrent un grand désordre.
Les fonctionnaires russes convainquirent une grande partie des rapatriés de ne pas revenir en France et d’obtenir la citoyenneté russe permanente. Peu après les émissaires des Bourbons reprirent leur tentatives de faire revenir leur concitoyens. C’est le signe que beaucoup des captifs restaient encore en Russie, aussi que les dénombrements des anciens prisonniers français des années 1826-1840, selon lesquels Il y avait plus de 2500 des anciens prisonniers en Russie Centralle. Ces dénombrements furent provoqués par l’émeute des Décembristes de 1825 et les révolutions européennes des années 1820-1830s. Le gouvernement tsariste craignait que la «peste de la révolution» ne se répandît à l’aide des étrangers et des « jacobins » en particulier.
Le dernier soldat de la Grande Armée était Jean-Baptiste Savin. Fils d’un officier royal tué durant la défense du Palais des Tuileries (1792) pendant la Révolution, Jean-Baptiste participa à l’armée révolutionnaire et prit part aux presque toutes les guerres de Napoléon (libération de Toulon, la campagne d’Egypte, la guerre espagnole et la campagne russe). Capté par les cosaques, il devint un des gouverneurs pour les enfants et s’installa à Saratov, une ville sur la Volga. Il était professeur de français et de dessin entre 1814 et 1874. Il changea son nom (en Mikhail Andreïevitch Savin) et se maria à une femme russe, mais ne se convertit pas à l’orthodoxie. Peu avant sa mort Savin reçut des médailles du gouvernement français (la Légion d’honneur et Saint-Hélène) après la découverte de l’existence du dernier soldat napoléonien vivant. Il mourut en 1894 et devint l’un des soldats français les plus âgés de toute l’histoire.
de prisonniers en Russie.
La Grande Armée se fonda à cause de la faim, d’escarmouches, de désertion tout au long de sa retraite de la Russie. La bataille cruelle pour le passage de la Bérézina fut la culmination de la misère des troupes napoléoniennes. De plus de 600000 d’effectif au moment de l’invasion (août 1812) il ne restait que 20000 (essentiellement la Vieille Garde) après la Bérézina, et 2000 environ traversèrent le Niémén en décembre 1812. Plus de 500000 des soldats napoléoniens furent tués, moururent de faim, de maladie. Mais il restait environ 100000 survivants. Dans une des lettres destinées à sa femme (28 décembre 1812) Mikhail Koutuzov, général et commandant de l’armée russe, mentionna plus des 150 mille prisonniers. Selon les données de l’enquête de 1813 il y avait plus de 216 mille soldats français en Russie. C’était la population de la capitale russe de l’époque.
Laissons de coté les calculs précis, parce que les prisonniers pris aux champs de batailles et concentrés dans les camps (150000 environ) ne comprenaient pas les déserteurs qui s’enfuirent de l’Armée et se dispersèrent dans les villages russes (les paysans russes les nommaient «cheramyzhnik» – mendiants – à cause de leur demande de nourriture qui commençaient par «Mon cher ami…»). Les partisans, les cosaques et les simples paysans n’avaient pas de moyens pour convoyer les prisonniers et les vendaient aux officiers et aux soldats riches. Parfois on les vendait aux paysans locaux en qualité d’esclaves. Certains propriétaires fonciers inscrivirent les prisonniers français comme leur cerfs, particulièrement s’ils étaient d’origine française#. Les captifs parfois ne pouvaient pas s’habituer aux conditions cruelles du travail et de la vie. Par exemple, les prisonniers se dressèrent (avec les ouvriers-cerfs russes) à une des fabriques métalliques d’Oural en 1813. Le gouvernement tsariste fut effrayé – la révolution et les sans-culottes en Russie! (il ne faut pas oublier qu’un certain nombre des soldats-prisonniers français eurent participé à l’armée dés le moment de la révolution).
Malgré les guerres napoléoniennes, le français était la deuxième et parfois la première langue pour les élites russes. La maîtrise du français était le signe d’un statut sociale et un outil pour faire une carrière en Russie du XIXème siècle.
La demande des professeurs de cette langue était énorme, mais le prix était très élevé (1000 roubles par an. Une vache coûtait ½ rouble), en particulier pour les gentilshommes provinciaux qui faisaient la majorité des propriétaires fonciers. Et quelle chance: on peut acheter les gouverneurs aux cosaques ou à leur propres cerfs au prix de 1 rouble par tête ! Les soldats napoléoniens se mirent à enseigner aux enfants de la petite noblesse russe. Mais leur langage, plein de jurons et d’argot, était loin d’une langue raffinée. Il fallait réapprendre la langue pour beaucoup de garçons dans les collèges de Moscou et Pétersbourg après cette « éducation ».
D’un autre côté, l’adoration de Napoléon, partagée par ses anciens soldats, a été implantée dans les âmes des jeunes gens: par exemple, Lermontov, un poète russe, célébrait l’empereur français dans quelques verses. Il avait aussi un gouverneur français – ancien soldat napoléonien – dans son enfance. La romanisation de Napoleon était très populaire au milieu d’élite russe dans les années 1820-1830. Parmi les gouverneures-prisonniers il y avait aussi les femmes – vivandières et les veuves des officiers tués: la Grande Armée amena un convoi énorme, qui disparut dans les espaces russes aussi que les hommes armés.
Parfois les prisonniers français tâchaient de s’enfuir de la Russie. Après avoir travaillé un an pour les paysans riches qui les eurent capturés, six ex-soldats français se rendirent vers les frontières occidentales de la Russie. Pour se nourrir au cours de leur trajet ils s’engageaient dans les travaux provisoires. Mais, après avoir presque gagné la frontière (en Lituanie), ils furent embauchés par un économe… et ne revinrent qu’à 1824 en France ! Ils furent inscrits comme les serfs du comte Komarovsrii à cause d’être les artisans habiles. Quelques captifs français envoyés à Orenbourg s’enfuirent pour gagner la France à travers la Perse et la Turquie. Ils furent capturés par les nomades et furent esclavagés. En 1820 les marchands russes rencontrèrent l’un d’eux à Bukhara. Beaucoup d’autres gagnèrent enfin la France.
Mais les français restaient souvent volontairement en Russie. Tous ceux qui voulaient rester en Russie devaient choisir un état (gentilhomme, bourgeois, paysan) et prêter serment au tsar russe. Ceux qui choisirent l’état de paysan ou d’artisan furent exemptés d’impôts pendant 10 ans. Il y avait des restrictions: la défense de s’installer dans les lieux stratégiques (près des frontières occidentales et des capitales russes – Moscou et Pétersbourg). D’un côté, les usines et les mines d’Oural, la Sibérie, la Russie Centrale et du Sud, les frontières asiatiques les attendaient avec impatience. Vers l’été de 1814 plus de 60 milles des captifs reçurent la sujétion russe temporaire. Au milieu du XIX me siècle on trouvait les soldats de la Grande Armée aux frontières russes près d’Orenbourg, aux montagnes d’Altaï et parmi les cosaques d’Oural. Vladimir Dahl rencontra un « cosaque d’Oural » Charles Bertu en 1833.
Toutefois, beaucoup d’ex-militaires napoléoniens voulaient revenir en France. Après l’abdication de Napoléon l’empereur russe Alexandre déclara que les soldats français pouvaient partir pour leur patrie. Les anciens soldats français se regroupèrent aux ports de Riga, Odessa, Revel et Pétersbourg. La première partie de ceux qui se rendirent de Riga au Havre contenait 2000 d’hommes environ. Mais les cent-jours de Napoléon provoquèrent un grand désordre.
Les fonctionnaires russes convainquirent une grande partie des rapatriés de ne pas revenir en France et d’obtenir la citoyenneté russe permanente. Peu après les émissaires des Bourbons reprirent leur tentatives de faire revenir leur concitoyens. C’est le signe que beaucoup des captifs restaient encore en Russie, aussi que les dénombrements des anciens prisonniers français des années 1826-1840, selon lesquels Il y avait plus de 2500 des anciens prisonniers en Russie Centralle. Ces dénombrements furent provoqués par l’émeute des Décembristes de 1825 et les révolutions européennes des années 1820-1830s. Le gouvernement tsariste craignait que la «peste de la révolution» ne se répandît à l’aide des étrangers et des « jacobins » en particulier.
Le dernier soldat de la Grande Armée était Jean-Baptiste Savin. Fils d’un officier royal tué durant la défense du Palais des Tuileries (1792) pendant la Révolution, Jean-Baptiste participa à l’armée révolutionnaire et prit part aux presque toutes les guerres de Napoléon (libération de Toulon, la campagne d’Egypte, la guerre espagnole et la campagne russe). Capté par les cosaques, il devint un des gouverneurs pour les enfants et s’installa à Saratov, une ville sur la Volga. Il était professeur de français et de dessin entre 1814 et 1874. Il changea son nom (en Mikhail Andreïevitch Savin) et se maria à une femme russe, mais ne se convertit pas à l’orthodoxie. Peu avant sa mort Savin reçut des médailles du gouvernement français (la Légion d’honneur et Saint-Hélène) après la découverte de l’existence du dernier soldat napoléonien vivant. Il mourut en 1894 et devint l’un des soldats français les plus âgés de toute l’histoire.