Soldats, vous vous êtes précipités comme un torrent du haut de vos positions ; vous avez culbuté, dispersé tout ce qui s'opposait à votre marche.
Les plaines grasses de Champagne et de Lorraine et ses habitants (notamment Jean - "doigts gras" Charles), délivrées de la tyrannie de Dury, se sont livré à leur sentiments naturels de paix et d'amitié pour la France. Verdun est à vous, et le pavillon républicain flotte dans toute la Champagne-Lorraine. Le duc Von Clausewitz et le roi Dury ne doivent leur existence politique qu'à votre générosité. L'armée qui vous menaçait avec orgueil ne trouve plus de barrière qui la rassure contre votre courage ; la Seine et la Meuse n'ont pu vous arrêter un seul jour !
Vous avez portez la joie dans le sein de la patrie ; vos représentants ont ordonné une fête dédiée à votre victoire, célébrée dans toutes les communes de la république. Là, vos pères, vos mères, vos épouses, vos sœurs, vos amantes, se réjouissent de votre succès, et se vantent avec orgueil de vous appartenir. Oui, soldats, vous avez beaucoup fait... mais ne vous reste-t-il donc plus rien à faire ?... Dira-t-on de nous que nous avons su vaincre, mais que nous n'avons pas su profiter de la victoire ? Je vous vois déjà courir aux armes.... Eh bien ! partons ! Nous avons encore des marches forcées à faire, des ennemis à soumettre, des lauriers à cueillir, des injures à venger. Que ceux qui ont aiguisé les poignards de la guerre civile en France, qui ont lâchement assassiné nos ministres, banni votre Consul Liberalis, tremblent ! L'heure de la vengeance a sonné ; mais que les peuples soient sans inquiétude; nous sommes amis de tous les peuples.
Vous aurez la gloire immortelle de changer la face de la plus belle partie de l'Europe. Le peuple français, libre, respecté du monde entier, donnera à l'Europe une paix glorieuse. Vous rentrerez alors dans vos foyers, et vos concitoyens diront en vous montrant : « Il était de l'armée des Grognards ».