La Garde Impériale fut créée par Napoléon Bonaparte le 28 floréal an XII (18 mai 1804) à partir de l'ancienne Garde consulaire. Mais
alors que cette dernière n'était qu'une simple unité assurant la
protection du gouvernement à l’intérieur, la Garde impériale devint un
corps d’armée d'élite, d’un effectif double et entièrement dévoué à la
personne de Napoléon. Ses effectifs ne cessèrent d'ailleurs de croître,
elle fut finalement divisée en Jeune Garde et Vieille Garde, les deux
possédant leurs unités de cavalerie, d'artillerie et
d'infanterie...dont les célèbres grenadiers.
Des Origines à l'Empire
Notre
histoire commence au début du 13ème siècle, sous le règne de
Philippe-Auguste, avec un petit corps appelé "Sergents de masse" ou
"Sergents d'armes", destiné à la garde personnelle du souverain. Ce
détachement fût à l'origine de nombreuses unités de la garde du Royaume
Français, et parmis eux de la Compagnie des gardes de la prévôté de l'hôtel
(ou, en d'autres termes, de la police de la cour), qui exista jusqu'à
la révolution ; en effet, de nombreuses réformes entreprises entre 1775
et 1786 dissolvèrent la majorité des célèbres unités de la garde Royale
(Mousquetaires, chevau-légers, grenadiers à cheval, Gardes de la porte,
etc...), mais la compagnie de la police de la cour survécut à toutes
ces dissolutions.
Le destin
de cette "Compagnie de la police de la Cour" prit donc un tournant
inattendu à l'époque de la révolution . Alors que le nouveau
gouvernement achevait la destruction de la Garde Royale, cette
compagnie de la prévôté de l'hôtel y échappa et prit le nom de "Garde de l'Assemblée Nationale" avant de devenir en le 22 juin 1795 "Garde de la convention" avec une augmentation impressionnante de ses effectifs.
Enfin, le 28 Ocobre 1795, la "Garde de la convention" reçut le nom de "Garde du Corps Législatif",
avec un effectif porté à 1200 hommes. En dépit de toutes ses
appellations différentes et des changements d'effectif, l'objectif des
anciennes gardes Royales demeurait le même : protéger les
administrations publiques.
Garde de l'assemblée Nationale 1791 - 1795 Tout comme le Roi avait sa "Maison Militaire", il devient très vite évident sous la Révolution d'assurer le pouvoir contre les pressions extérieures et autres tentatives de coup d'Etat. Une Garde qui lui soit attachée se montre indispensable ; C'est pourquoi, dès 1791, est créée la Garde de l'Assemblée Nationale. Ces soldats portaient l'uniforme des ex-Gardes de la prévôté de l'hôtel | Garde de la convention 1795 - 1799 La représentation nationale s’appelait "la Convention" jusqu’en septembre 1795, date à laquelle celle-ci fut dissoute et remplacée par le "Corps législatif", composé du Conseil des Anciens et du Conseil des Cinq cents. Appelé communément "Garde de la Convention" jusqu’à la dissolution de celle-ci, il est normal que le corps prît la désignation de "Garde du Corps législatif" lorsque celui-ci entra en fonction. |
Simultanément à la Garde du Corps Légilatif (ex-garde de la convention), une autre unité fut organisée le 1er novembre 1795 : La Garde du Directoire. Elle était composée de deux compagnies à pied et de deux compagnies de grenadiers à cheval, soit 224 hommes.
Deux
jours après le coup d'Etat du 18 Brumaire (9 novembre 1799), pendant la
revue de la Garde du Directoire et de celle du Corps Législatif, le
général Bonaparte annonça que dorénavant, elles allaient former une
seule unité : La Garde des Consuls.
Cette
annonce fut officiellement confirmée par le décret du 28 novembre 1799,
et en 1802, après de nombreux bouleversements politiques, elle prit le
nom de Garde Consulaire.
Bonaparte et la Garde consulaire
Le
printemps 1804 fut pour la Garde, de même que pour toute la France, une
étape marquante. L'ordre du 10 mai 1804 faisait savoir aux soldats : "
La Garde est prévenue que le Sénat a proclamé aujourd'hui Napoléon
Bonaparte Empereur des Français [...] La Garde prend le titre de Garde Impériale..."
Pour être admis dans la Garde Impériale
La
Garde de l'époque du Directoire était loin de satisfaire à certaines
exigences. Selon le général Mathieu Dumas, " Cette Garde était, en
grande partie, composée d'anciens Garde-Français qui avaient formé le
corps des Grenadiers de la Convention [...] De très mauvais sujets
avaient été progressivement recrutés [...] ". Ce à quoi Napoléon
s'empressa de tenir compte : " Si un corps privilégié ne se comporte
pas avec sagesse et mesure, il faut le dissoudre. Je veux avoir des
soldats aguerris dans ma Garde, mais je ne veux pas avoir de soldats
indisciplinés ; quel que fut leur uniforme, ces hommes ne seraient à
mes yeux que des janissaires ou des prétoriens ", d'où ce haut sens de
la discipline , cette obéissance absolue et ces qualités morales
élevées que l'on exigeait des candidats au recrutement.[/size]
L'appartenance à ce Corps constituait une récompense, et pour y être admis il fallait en 1801 :
- Avoir fait au moins 3 campagnes ( 4, à partir de 1802 ) ;
- Avoir obtenu des récompenses accordées aux braves ou avoir reçu des blessures au combat ;
- Etre en activité de service
- Avoir une taille de 1m80 pour être admis dans les Grenadiers (1m70 dans les Chasseurs)
- Avoir toujours fait preuve de conduite irréprochable.
Le
décret Impérial du 29 juillet 1804 confirma de manière générale ces
conditions mais atténua celles du physique des candidats. Désormais,
pour entrer chez les Grenadiers, il fallait mesurer au moins 1m76 (
1m67 chez les chasseurs). [font=Monotype Corsiva]De même pour le nombre de campagnes : dorénavant il ne devait pas être inférieur à 2.
Qui étaient ces hommes
Les
registres conservés dans les archives du château de Vincennes
permettent de répondre à cette question d'une manière assez
convaincante.
L'âge
moyen du soldat engagé était de 31 ans et demi, celui de la retraite
était assez variable, en moyenne 36-37 ans. De cette manière, dans la
plupart des cas, les soldats et les sous-officiers étaient des hommes
dans la force de l'âge, ce qui modifie un peu le tableau cliché du
vieux grenadier aux cheveux blancs. Et quoique ce Régiment fût connu
comme la vieille Garde, le mot "vieille" signifiera les années de
service et non pas l'âge du soldat. Seuls quelques rares sous-officiers
pourront correspondre à cette image. D'ailleurs, le portrait du Grenadier que nous a décrit Hippolyte de Mauduit est particulièrement vif et précis ; en voici quelques extraits. "Longtemps
éprouvé par les marches, les fatigues, les privations, les bivouacs,
par le soleil comme par les frimas, le grenadier
de la Garde était sec
et maigre ; l'obésité était inconnue dans nos rangs. [...] La figure du
grenadier était martiale et son attitide imposante ; son teint, peu ou
point coloré, mais halé ; ses joues, creuses ; son nez, proéminent et
généralement aquilin ; son front demi-chauve par l'effet de sa plaque
de grenadier ou rasé à l'ordonnance ; son oeil vif et fier ; une
épaisse et belle moustache brunie par le soleil, et parfois grisonnante
ombrageait cette mâle figure...Une queue, artistement tressée et
poudrée chaque matin complétait l'ensemble de cette tête modèle. Un
cachet particulier de la coquetterie du grenadier de la Garde était la
boucle d'oreille ; c'était sa première dépense en arrivant au corps ;
elle était de rigueur."
Pas
plus de 7% des hommes n'avaient quitté le Régiment à l'âge de 40 ans ou
plus, et seulement 1% était retraité à l'âge de 50 ans ou plus. Quoique
les soldats de la Garde fussent loin de la vieillesse, leur service,
lui, était vraiment "vieux". Le service moyen était de presque 13 ans,
ce qui signifie qu'en moyenne le Grenadier du 1er Régiment avait
derrière lui 15-16 ans de service. Chaque soldat recruté dans ce
Régiment avait en moyenne fait 10 campagnes, 55% avaient passé en
service actif de 11 à 15 ans ! Si à cela on ajoute les 3,5 campagnes
que les soldats firent dans les rangs de la Garde, on peut dire que
chacun d'entre eux, à sa retraite, comptait environ 14 campagnes à son
actif.
Il
est à souligner que souvent les hommes n'étaient déjà plus de simples
soldats avant d'être enrôlés dans les unités de la Garde ; Quelques
215 grenadiers du premier Régiment dont le parcours est parvenu jusqu'à
nous étaient, avant d'entrer dans la Garde :
Soldats (74)
Caporaux, brigadiers ou fourriers (63)
Sergents ou maréchaux des logis (43)
Sergents majors (6)
Gendarmes (12)
16 dont les registres ne donnent aucune indication
1 sans service préalable
Comme
on le voit, plus de 60% des effectifs du Régiment avaient déjà le grade
de caporal et même plus, et 4,2% des engagés était soit décorés de la
légion d'honneur, soit avaient mérité les armes d'honneur.
Dernière édition par [Grognard]_Liberalis le Mer 5 Jan 2011 - 15:58, édité 2 fois