Le 11 septembre 2001 : une provocation mondiale
par Général Leonid Ivashov*
Politologue russe influent, issu des milieux nationalistes, le général Léonid
Ivashov était chef d’état-major des armées le 11 septembre 2001. Ce jour-là, il
avait placé ses satellites en alerte pour observer les manœuvres militaires
aériennes annoncées aux USA, mais c’est un tout autre spectacle auquel il fut
confronté. Au vu des analyses de cet événement par ses experts, il a écarté
l’hypothèse Al-Qaïda et conclu à une provocation de l’élite financière
anglo-saxonne. Sur cette base, il a développé la vision stratégique russe du
monde post-11-Septembre. Nous reproduisons ici un de ses articles, représentatif
de sa pensée et de celle des officiers supérieurs russes. Le lecteur sera
surpris de constater que ce qui est considéré comme un délire dans les pays de
l’OTAN est une vérité d’évidence en Russie, comme d’ailleurs dans de nombreux
autres régions du monde. Au-delà de la question d’établir la vérité, l’honnêteté
intellectuelle exige de comprendre et d’accepter la relativité des points de
vue. Cet article sera particulièrement précieux pour les militaires français au
moment où le ministre de la Défense a engagé une chasse aux sorcières contre les
enseignants de l’École de guerre qui ont osé rendre compte de la diversité des
interprétations du 11-Septembre.
par Général Leonid Ivashov*
Politologue russe influent, issu des milieux nationalistes, le général Léonid
Ivashov était chef d’état-major des armées le 11 septembre 2001. Ce jour-là, il
avait placé ses satellites en alerte pour observer les manœuvres militaires
aériennes annoncées aux USA, mais c’est un tout autre spectacle auquel il fut
confronté. Au vu des analyses de cet événement par ses experts, il a écarté
l’hypothèse Al-Qaïda et conclu à une provocation de l’élite financière
anglo-saxonne. Sur cette base, il a développé la vision stratégique russe du
monde post-11-Septembre. Nous reproduisons ici un de ses articles, représentatif
de sa pensée et de celle des officiers supérieurs russes. Le lecteur sera
surpris de constater que ce qui est considéré comme un délire dans les pays de
l’OTAN est une vérité d’évidence en Russie, comme d’ailleurs dans de nombreux
autres régions du monde. Au-delà de la question d’établir la vérité, l’honnêteté
intellectuelle exige de comprendre et d’accepter la relativité des points de
vue. Cet article sera particulièrement précieux pour les militaires français au
moment où le ministre de la Défense a engagé une chasse aux sorcières contre les
enseignants de l’École de guerre qui ont osé rendre compte de la diversité des
interprétations du 11-Septembre.
L’expérience de l’humanité montre que le terrorisme apparaît partout où se
produit à un moment donné une aggravation des contradictions, où les relations
commencent à se dégrader au sein de la société et où l’ordre social change, où
surgit l’instabilité politique, économique et sociale, où se libèrent des
potentiels d’agressivité, où les valeurs morales périclitent, où triomphent le
cynisme et le nihilisme, et où la criminalité explose.
Les processus liés à la mondialisation créent des conditions favorables à ces
phénomènes extrêmement dangereux. Ils entraînent un redécoupage de la carte
géopolitique du monde, une redistribution des ressources planétaires, violent la
souveraineté et effacent les frontières des États, démantèlent le droit
international, anéantissent la diversité culturelle, appauvrissent la vie
spirituelle et morale.
Je pense que nous sommes en droit aujourd’hui de parler de crise systémique
de la civilisation humaine. Elle se manifeste de manière particulièrement aiguë
au niveau de l’interprétation philosophique de la vie. Ses manifestations les
plus spectaculaires concernent le sens donné à la vie, l’économie et le domaine
de la sécurité internationale.
L’absence de nouvelles idées philosophiques, la crise morale et spirituelle,
la déformation de la perception du monde, la diffusion de phénomènes amoraux
contraires à la tradition, la course à l’enrichissement illimité et au pouvoir,
la cruauté, conduisent l’humanité à la décadence et peut-être à la
catastrophe.
L’inquiétude, ainsi que le manque de perspectives de vie et de développement
de nombreux peuples et états constituent un important facteur d’instabilité
mondiale.
L’essence de la crise économique se manifeste dans la lutte sans
merci pour les ressources naturelles, dans les efforts déployés par les grandes
puissances du monde, avant tout par les États-Unis d’Amérique, mais aussi par
des entreprises multinationales pour soumettre à leurs intérêts les systèmes
économiques d’autres États, prendre le contrôle des ressources de la planète et
surtout des sources d’approvisionnement en hydrocarbures.
La destruction du modèle multipolaire qui assurait l’équilibre des forces
dans le monde a entraîné également la destruction du système de sécurité
internationale, des normes et des principes qui régissaient les relations entre
États, ainsi que du rôle de l’ONU et de son Conseil de sécurité.
Aujourd’hui
les États-Unis d’Amérique et l’OTAN se sont arrogés le droit de décider du
destin d’autres États, de commettre des actes d’agression, de soumettre les
principes de la Charte des Nations Unies à leur propre législation.
Ce sont précisément les pays occidentaux qui, par leurs actions et agressions
contre la République fédérale de Yougoslavie et l’Irak, ainsi qu’en permettant
de toute évidence l’agression israélienne contre le Liban et en menaçant la
Syrie, l’Iran et d’autres pays, ont libéré une énorme énergie de résistance, de
vengeance et d’extrémisme, énergie qui a renforcé le potentiel de la terreur
avant de se retourner, comme un boomerang, contre l’Occident.
L’analyse de la substance des processus de mondialisation, ainsi que des
doctrines politiques et militaires des États-Unis d’Amérique et d’autres États,
permet de se convaincre que le terrorisme favorise la réalisation des objectifs
de domination du monde et la soumission des États aux intérêts de l’oligarchie
mondiale. Cela signifie qu’il ne constitue pas un sujet en tant que tel de la
politique mondiale mais un simple instrument, le moyen d’instaurer un nouvel
ordre unipolaire ayant un centre de commandement mondial unique, d’effacer les
frontières nationales et d’assurer la domination d’une nouvelle élite mondiale.
C’est
elle qui constitue le sujet principal du terrorisme international, son
idéologue et son « parrain ». C’est elle aussi qui s’efforce de diriger le
terrorisme contre d’autres États, y compris contre la Russie.
La principale cible de la nouvelle élite mondiale est la réalité naturelle,
traditionnelle, historique et culturelle qui a jeté les bases du système de
relations entre les États, de l’organisation de la civilisation humaine en États
nationaux, de l’identité nationale.
Le terrorisme international actuel est un phénomène qui consiste, pour des
structures gouvernementales ou non gouvernementales, à utiliser la terreur comme
moyen d’atteindre des objectifs politiques en terrorisant, déstabilisant les
populations sur le plan socio-psychologique, en démotivant les structures du
pouvoir d’État et en créant les conditions permettant de manipuler la politique
de l’État et le comportement des citoyens.
Le terrorisme est un moyen de faire la guerre de manière différente, non
conventionnelle. Simultanément, le terrorisme, allié aux médias, se comporte
comme un système de contrôle des processus mondiaux.
C’est précisément la
symbiose des médias et de la terreur qui crée les conditions favorables à des
bouleversements dans la politique mondiale et dans la réalité existante.
Si
l’on examine dans ce contexte les événements du 11 septembre 2001 aux États-Unis
d’Amérique, on peut en tirer les conclusions suivantes :
l’attentat terroriste contre les tours jumelles du World Trade
Center a modifié le cours de l’histoire du monde en détruisant définitivement
l’ordre mondial issu des accords de Yalta-Potsdam ;
il a
délié les mains des États-Unis d’Amérique, de la Grande-Bretagne et d’Israël,
leur permettant de mener des actions contre d’autres pays en faisant fi des
règles de l’ONU et des accords internationaux ;
il a
stimulé l’amplification du terrorisme international.
D’autre part, le terrorisme se présente comme un instrument radical de
résistance aux processus de mondialisation, comme un moyen de lutte de
libération nationale, de séparatisme, un moyen de résoudre les conflits entre
les nations et entre les religions, ainsi que comme in instrument de lutte
économique et politique.
produit à un moment donné une aggravation des contradictions, où les relations
commencent à se dégrader au sein de la société et où l’ordre social change, où
surgit l’instabilité politique, économique et sociale, où se libèrent des
potentiels d’agressivité, où les valeurs morales périclitent, où triomphent le
cynisme et le nihilisme, et où la criminalité explose.
Les processus liés à la mondialisation créent des conditions favorables à ces
phénomènes extrêmement dangereux. Ils entraînent un redécoupage de la carte
géopolitique du monde, une redistribution des ressources planétaires, violent la
souveraineté et effacent les frontières des États, démantèlent le droit
international, anéantissent la diversité culturelle, appauvrissent la vie
spirituelle et morale.
Je pense que nous sommes en droit aujourd’hui de parler de crise systémique
de la civilisation humaine. Elle se manifeste de manière particulièrement aiguë
au niveau de l’interprétation philosophique de la vie. Ses manifestations les
plus spectaculaires concernent le sens donné à la vie, l’économie et le domaine
de la sécurité internationale.
L’absence de nouvelles idées philosophiques, la crise morale et spirituelle,
la déformation de la perception du monde, la diffusion de phénomènes amoraux
contraires à la tradition, la course à l’enrichissement illimité et au pouvoir,
la cruauté, conduisent l’humanité à la décadence et peut-être à la
catastrophe.
L’inquiétude, ainsi que le manque de perspectives de vie et de développement
de nombreux peuples et états constituent un important facteur d’instabilité
mondiale.
L’essence de la crise économique se manifeste dans la lutte sans
merci pour les ressources naturelles, dans les efforts déployés par les grandes
puissances du monde, avant tout par les États-Unis d’Amérique, mais aussi par
des entreprises multinationales pour soumettre à leurs intérêts les systèmes
économiques d’autres États, prendre le contrôle des ressources de la planète et
surtout des sources d’approvisionnement en hydrocarbures.
La destruction du modèle multipolaire qui assurait l’équilibre des forces
dans le monde a entraîné également la destruction du système de sécurité
internationale, des normes et des principes qui régissaient les relations entre
États, ainsi que du rôle de l’ONU et de son Conseil de sécurité.
Aujourd’hui
les États-Unis d’Amérique et l’OTAN se sont arrogés le droit de décider du
destin d’autres États, de commettre des actes d’agression, de soumettre les
principes de la Charte des Nations Unies à leur propre législation.
Ce sont précisément les pays occidentaux qui, par leurs actions et agressions
contre la République fédérale de Yougoslavie et l’Irak, ainsi qu’en permettant
de toute évidence l’agression israélienne contre le Liban et en menaçant la
Syrie, l’Iran et d’autres pays, ont libéré une énorme énergie de résistance, de
vengeance et d’extrémisme, énergie qui a renforcé le potentiel de la terreur
avant de se retourner, comme un boomerang, contre l’Occident.
L’analyse de la substance des processus de mondialisation, ainsi que des
doctrines politiques et militaires des États-Unis d’Amérique et d’autres États,
permet de se convaincre que le terrorisme favorise la réalisation des objectifs
de domination du monde et la soumission des États aux intérêts de l’oligarchie
mondiale. Cela signifie qu’il ne constitue pas un sujet en tant que tel de la
politique mondiale mais un simple instrument, le moyen d’instaurer un nouvel
ordre unipolaire ayant un centre de commandement mondial unique, d’effacer les
frontières nationales et d’assurer la domination d’une nouvelle élite mondiale.
C’est
elle qui constitue le sujet principal du terrorisme international, son
idéologue et son « parrain ». C’est elle aussi qui s’efforce de diriger le
terrorisme contre d’autres États, y compris contre la Russie.
La principale cible de la nouvelle élite mondiale est la réalité naturelle,
traditionnelle, historique et culturelle qui a jeté les bases du système de
relations entre les États, de l’organisation de la civilisation humaine en États
nationaux, de l’identité nationale.
Le terrorisme international actuel est un phénomène qui consiste, pour des
structures gouvernementales ou non gouvernementales, à utiliser la terreur comme
moyen d’atteindre des objectifs politiques en terrorisant, déstabilisant les
populations sur le plan socio-psychologique, en démotivant les structures du
pouvoir d’État et en créant les conditions permettant de manipuler la politique
de l’État et le comportement des citoyens.
Le terrorisme est un moyen de faire la guerre de manière différente, non
conventionnelle. Simultanément, le terrorisme, allié aux médias, se comporte
comme un système de contrôle des processus mondiaux.
C’est précisément la
symbiose des médias et de la terreur qui crée les conditions favorables à des
bouleversements dans la politique mondiale et dans la réalité existante.
Si
l’on examine dans ce contexte les événements du 11 septembre 2001 aux États-Unis
d’Amérique, on peut en tirer les conclusions suivantes :
l’attentat terroriste contre les tours jumelles du World Trade
Center a modifié le cours de l’histoire du monde en détruisant définitivement
l’ordre mondial issu des accords de Yalta-Potsdam ;
il a
délié les mains des États-Unis d’Amérique, de la Grande-Bretagne et d’Israël,
leur permettant de mener des actions contre d’autres pays en faisant fi des
règles de l’ONU et des accords internationaux ;
il a
stimulé l’amplification du terrorisme international.
D’autre part, le terrorisme se présente comme un instrument radical de
résistance aux processus de mondialisation, comme un moyen de lutte de
libération nationale, de séparatisme, un moyen de résoudre les conflits entre
les nations et entre les religions, ainsi que comme in instrument de lutte
économique et politique.