Sujet littéraire et culturel, pour faire l'apologie de La Russie, puissance d'Eurasie d'Arnaud Leclerq.
Limpide, neutre, et très complet cet excellent livre, que je prend mon temps pour digérer et savourer, ouvrira des perspectives géostratégiques et historiques aux néophytes comme aux experts.
Sa principale force : inscrire son analyse dans une perspective millénaire, un temps "long" qui manque tant à nos médias et même probablement aux experts occidentaux.
L'ouvrage est découpé en trois grandes parties :
1-La longue durée russe : du balancement entre Europe et Asie jusqu'à l'empire mondial eurasiatique
2-Redéfinition de la géopolitique intérieure russe
3-Redéploiement géopolitique extérieur sous Poutine et Medvedev
Dans le premier bloc (le plus long), que je viens d'achever, on apprécie l'éclairage apporté à l'expansion russe. L'immensité du territoire et la profondeur stratégique comme contrepartie à l'absence d'obstacles naturels, la méfiance voir la paranoïa comme conséquence de l'encerclement perpétuel par des puissances hostiles (Mongols, Turcs, Suèdois, Polonais, Japonais...), l' obsession de la continuité territoriale qui pousse à l'abandon de Fort Ross en 1812, puis de l'Alaska...
L'influence de l'église orthodoxe sur Moscou, la "Troisième Rome", symbolisée par le Narodnost, et la place de l'Islam dans les républiques périphériques sont largement analysées et décryptées dans un sous-chapitre consacré aux religions. Il y est également fait mention des bouriates orientaux, peut-être amenés à prendre de plus en plus d'importance compte tenu de la proximité du grand voisin chinois.
A chaque fois on retrouve des rappels historiques ou conceptuels, pour les ignares dans mon genre.
Les quelques pages qui explicitent les théories développées au XXème siècle, sur la place de la Russie dans le concert des nations, sont passionnantes. De MacKinder qui considère qu'elle est au monde ce que l'Allemagne est à l'Europe, à Castex qui la considère comme la nation "perturbatrice" du XXème siècle, à l'instar de la France révolutionnaire, ou de l'Allemagne wilhemine.
Enfin, nous offre une cure de désintoxication sur le passé "proche", décrivant avec brio la stratégie de reprise en main de Poutine, et proposant des explications à la faible propension démocratique du peuple russe.
En bref', une excellente surprise, à offrir à Melet pour son anniversaire.
Limpide, neutre, et très complet cet excellent livre, que je prend mon temps pour digérer et savourer, ouvrira des perspectives géostratégiques et historiques aux néophytes comme aux experts.
Sa principale force : inscrire son analyse dans une perspective millénaire, un temps "long" qui manque tant à nos médias et même probablement aux experts occidentaux.
L'ouvrage est découpé en trois grandes parties :
1-La longue durée russe : du balancement entre Europe et Asie jusqu'à l'empire mondial eurasiatique
2-Redéfinition de la géopolitique intérieure russe
3-Redéploiement géopolitique extérieur sous Poutine et Medvedev
Dans le premier bloc (le plus long), que je viens d'achever, on apprécie l'éclairage apporté à l'expansion russe. L'immensité du territoire et la profondeur stratégique comme contrepartie à l'absence d'obstacles naturels, la méfiance voir la paranoïa comme conséquence de l'encerclement perpétuel par des puissances hostiles (Mongols, Turcs, Suèdois, Polonais, Japonais...), l' obsession de la continuité territoriale qui pousse à l'abandon de Fort Ross en 1812, puis de l'Alaska...
L'influence de l'église orthodoxe sur Moscou, la "Troisième Rome", symbolisée par le Narodnost, et la place de l'Islam dans les républiques périphériques sont largement analysées et décryptées dans un sous-chapitre consacré aux religions. Il y est également fait mention des bouriates orientaux, peut-être amenés à prendre de plus en plus d'importance compte tenu de la proximité du grand voisin chinois.
A chaque fois on retrouve des rappels historiques ou conceptuels, pour les ignares dans mon genre.
Les quelques pages qui explicitent les théories développées au XXème siècle, sur la place de la Russie dans le concert des nations, sont passionnantes. De MacKinder qui considère qu'elle est au monde ce que l'Allemagne est à l'Europe, à Castex qui la considère comme la nation "perturbatrice" du XXème siècle, à l'instar de la France révolutionnaire, ou de l'Allemagne wilhemine.
Enfin, nous offre une cure de désintoxication sur le passé "proche", décrivant avec brio la stratégie de reprise en main de Poutine, et proposant des explications à la faible propension démocratique du peuple russe.
En bref', une excellente surprise, à offrir à Melet pour son anniversaire.