A l'antenne d'une radio moscovite trois heures à peine avant sa mort, l'ancien ministre Boris Nemtsov, virulent critique du Kremlin, appelait les auditeurs à manifester dans un discours enflammé sur l'Ukraine et le président Vladimir Poutine, signant là son testament politique.
Vendredi, pendant 45 minutes, la voix grave, le ton sérieux, l'opposant a présenté ses propositions pour "changer la Russie", n'hésitant pas à couper ses interlocuteurs, deux journalistes de la radio Ekho Moskvy qui tentent sans succès de le dérider.
Sans surprise, la marche anti-crise qu'organisait Boris Nemtsov dimanche dans la banlieue moscovite et qui s'est transformée depuis sa mort en un appel à manifester dans le centre de Moscou, occupe une place de choix dans l'interview, qui ressemble parfois davantage à un monologue comme lui reproche l'une des journalistes.
"Cette marche demande l'arrêt immédiat de la guerre avec l'Ukraine, elle exige que (le président russe Vladimir) Poutine cesse son agression", rappelle Boris Nemtsov, qui livre ensuite sa position sur la grave crise économique que traverse la Russie.
"La cause de la crise, c'est l'agression (de l'Ukraine), qui a été suivie des sanctions, puis des fuites de capitaux, tout ça à cause de l'agression insensée contre l'Ukraine que mène Poutine", dénonce celui qui, comme Kiev et les Occidentaux, assure que Moscou a envoyé des troupes soutenir les séparatistes prorusses dans l'est du pays, ce que le Kremlin a toujours démenti.
Lorsqu'une journaliste évoque la Crimée, péninsule ukrainienne rattachée à la Russie en mars après un référendum, et assure que la population souhaitait rejoindre la Russie, l'opposant tranche d'un ton catégorique, résumant en deux mots toutes ses convictions: "La force de la loi".
"La population voulait vivre en Russie, j'en conviens. Mais la question est ailleurs: il ne faut pas faire selon ses volontés, mais selon la loi et il faut respecter la communauté internationale", soutient-il.
Mettre les hommes politiques corrompus devant les tribunaux, couper de moitié le budget militaire et augmenter celui de l'éducation... Les propositions se succèdent, mais Boris Nemtsov n'est pas dupe: "L'opposition n'a pas beaucoup d'influence sur les Russes actuellement", explique-t-il.
Pour y remédier, l'opposant plaide pour l'octroi d'une heure d'antenne par semaine sur l'une des principales chaînes de télévision russe. "Quand on concentre le pouvoir entre les mains d'une seule personne, cela ne peut mener qu'à la catastrophe. A une catastrophe absolue", avertit celui qui était l'un des rares à oser encore critiquer Vladimir Poutine.
Je lirais bien ce qui se dit en Russie, mais pour celà, il va falloire compter sur Cosak ou Lib.