L'Artillerie Imperiale
Il n'existe pas de batterie au sens moderne du mot, qui ne désignera une unité tactique qu'en 1829, mais des compagnies d'artilleurs à pied ou à cheval. Chaque compagnie à pied sert une division de huit bouches à feu dont deux obusiers. Chaque compagnie à cheval sert une division de six canons, dont deux obusiers. La réunion de deux bouches à feu forme une section placée sous la responsabilité d'un sous-officier. Le pointeur est le chef de pièce.
Chaque division d'infanterie ou de cavalerie possède son artillerie divisionnaire; en outre il existe une réserve d'artillerie pour chaque Corps d'armée avec un parc indépendant, lui-même alimenté par le grand parc subdivisé en grand parc mobile et en grand parc fixe.
L'Artillerie de la Garde constitue une réserve de frappe décisive. En effet, bien que, pour Napoléon, le feu doive être dès le début de l'action "Intense et Généralisé", l'Empereur emploiera, de plus en plus, dans un but tactique, la réserve d'artillerie de la Garde pour rassembler au moment voulu sur un point décisif une grande batterie de 80 à 100 bouches à feu et plus.
Au cours de l'attaque, l'artillerie précède généralement l'infanterie et accompagne la cavalerie légère en amenant les pièces à la prolonge. Dans certains cas, ce sont les bouches à feu réunies en masse qui ouvrent la voie aux assaillants; ainsi le colonel Seruzier, à la Moskowa, qui escalade sous la mitraille, avec 108 pièces, les flèches de Somenoskoié et qui, presque à bout touchant, déclenche un feu violent à obus et à balles (biscaïns) à l'intérieur même des fortins, ouvrant ainsi la voie aux cuirassiers et voltigeurs qui s'y précipitent.
En déplacement sur route les artilleurs à cheval suivent leur pièce sur deux rangs.Les artilleurs à pied marchent de chaque côté du caisson de leur pièce. Au combat, la prise de position se fait de préférence au sommet d'une ondulation de terrain, des cavaliers, dits "Guides d'Artillerie", jalonnent la ligne et déterminent l'intervalle entre les pièces, qui est d'environ 20 mètres.
Profondément modernisé avant la Révolution, la France dispose, sous l'Empire, de la meilleure artillerie d'Europe.
Au lendemain de du règne de Louis XVI, l'artillerie française est profondément modernisée par deux hommes : Vallière et Gribeauval. Vallière a uniformisé le nombre des calibres de canons tandis que Gribeauval a diminué le nombre de calibre et a entreprit de rendre l'artillerie plus légère et plus robuste. S'inspirant des idées de Bélidor, son maître à l'Ecole de la Fère, Gribeauval classa l'artillerie en quatre grandes catégories.
- l'artillerie de campagne
- l'artillerie de siège
- l'artillerie de place
- l'artillerie de côte
Par un réglement en date de 1785, il établit une standardisation des pièces composant les canons et les avant-trains : roues, caissons, écrous etc). il améliora aussi la manoeuvrabilité de l'artillerie, en dotant les pièces d'une prolonge permettant de détacher le canon sans dételer les chevaux.
Détail L'armée française passant le col du Grand-Saint-Bernard
Il équipa aussi les canons de visée pour accroître la précision et fit adopter les boîtes à balles afin de vérifier rapidement le calibre des boulets.
Ce système très bien adapté pour les campagnes Napoléoniennes subsista jusqu'en 1825.
Artilleur de formation, Napléon éprouve un intérêt particulier à son arme. Il s'en servit de plus en plus, recherchant la victoire par la puissance de son feu.
L'artillerie de campagne est composée de :
- Pièces de 4,8 et de 12
- Obusier de 8
- Mortier de 10
Caractéristiques de la Pièce de siège de 24 :
- Calibre : 153 mm
- Munitions utilisées : boulets de 24 livres
- Vitesse initiale maximale du projectile : 520 m/s (1820 km/h)
- Portée : 700 m du but en blanc
- Masse de la bouche à feu : 2740 kg
- Masse de la pièce en batterie : 3700 kg
- Masse de la voiture pièce : 4200Kg
Les effectifs de l'artillerie crurent ainsi de 43 000 hommes en 1804 à 103 000 en 1813 ce qui représente 8 régiments d'artilleur à pied. Tandis que l'artillerie de la Garde se transforme progressivement en réserve générale d'artillerie.
Les Projectiles d'Artillerie.
Où est Drouot ? Allons, les pièces de la Garde ! Il faut à tout prix soutenir la colonne. Drouot, 10 000 boulets ! Ecrasez les masses ennemis!" lança Napoléon au commandant de l'artillerie à pied de la Garde lors de la bataille de Wagram.
L'artillerie joua un rôle primordial dans tous les combats livrés sous l'Empire. En effet, celle-ci provoquait de lourdes pertes parmi les fantassins et les cavaliers des armées ennemies. Pour exemple :
- A Elyau, l'armée française disposait de 200 pièces d'artillerie ;
- A Wagram, l'Empereur a écrasé les troupes ennemies sous les coups de 550 bouches à feu ;
- A la Moskova, 400 canons crachèrent des milliers de projectiles sur les troupes ennemis ;
- A Waterloo, l'Empereur pouvait encore compter sur 240 canons.
Détail tableau de Lejeune (Musée de Versailles)
Les consommations en munitions d'artillerie sont impressionnantes : à Leipzig; l'artillerie française a tiré 150 000 projectiles sur les coalisés !
Les différents types de projectiles d'artillerie :
Le boulet rond de l'artillerie de campagne : le principal projectile utilisé par l'artillerie est ce boulet. Celui-ci avait un diamètre de 8 cm pour les boulets de 4 livres et de 12.5 cm pour ceux de 12 livres. Ils étaient dangereux pour les fantassins placés dans l'axe de tir mais aussi pour tout les autres car ce boulet avait la capacité de tuer par rebond. La portée du boulet variait en fonction de la pièce : 1200 m pour le canon de 3 livres, 1600 m pour le canon de 12 livres.
Le projectile d'obusier : l'obusier, arme médiocre était utilisé pour sa capacité à atteindre, par son tir courbe, les ennemis abrités derrière les reliefs du terrain. Ce projectile était une sphère bourré de poudre et dotée d'une mèche coupée à la longueur nécessaire.
La boîte à mitraille : la boîte à mitraille ou biscaïen consistait en un cylindre bourré de balles en fer de petites dimensions, identiques à celles de fusils. Une boîte à mitraille de 9 livres comptait 180 balles et provoquait de terribles ravages dans les rangs ennemis. Cependant le biscaïen était réellement efficace à courte distance.
Le shrapnell : inventé par un officier anglais du nom de Henry Shrapnell, ce projectile de forme sphérique a été conçu pour exploser au dessus des forces ennemis pour les arroser des dizaines de balles qu'il renfermait. C'était un bon moyen pour associer les avantages du boulet et du biscaïen. Cependant tout comme pour l'obusier le réglage de la distance était difficile à maîtriser.
Source : http://napoleon1804.chez.com/grande.htm